· Nos Gins d'ichi ·
un extrait du journal Le Figaro
du vendredi 11 août 1905
Le docteur Zamenhof
☆
(de notre envoyé spécial)
Boulogne-sur-Mer, 10 août.
Voilà un homme heureux ; et, j'imagine, aussi totalement, aussi noblement heureux qu'il est possible à un homme de l'être. Car le docteur Zamenhof a créé la chose la plus belle et la plus formidable qui soit : une langue. Et cette langue, il a l'ineffable fierté de constater que déjà, en effet, des hommes qu'il ne connaît point la parlent, en vantent l'agrément, la beauté même ; apportent à en propager la connaissance une foi d'apôtres.
Cette langue est l'espéranto. Il n'y a guère qu'une quinzaine d'années qu'on la connaît, – que des gens de bonne volonté et d'esprit curieux s'essayent à la parler et à l'écrire. Mais jamais encore ils ne s'étaient, d'un bout de l'univers à l'autre, assemblés ; et l'on attendait avec curiosité cette épreuve.
Elle a eu lieu. Le docteur Zamenhof a quitté son pays pour venir présider chez nous le premier congrès espérantiste.
Comme beaucoup d'Anglais et d'habitants des Flandres y devaient prendre part, le groupe espérantiste français, à qui est due l'initiative de ce congrès, avait décidé de le tenir à Boulogne-sur-Mer, où la langue nouvelle compte un nombre considérable d'adhérents.
Le docteur Zamenhof aura connu là, pendant cinq jours, les joies du triomphe. Sur la façade du théâtre de la ville, il a vu s'étaler un panneau lumineux où la déesse "Espéranto" nous était montrée, entraînant après elle le cortège des nations dans une sorte de vertigineuse farandole ; il a vu l'étoile verte, insigne des espérantistes et symbole de l'idée nouvelle, orner mille boutonnières ; il l'a retrouvée – devenue lanterne vénitienne – aux façades des maisons qu'elle illuminait ; aux boutiques, aux portes des hôtels il a salué son drapeau : le drapeau vert et blanc des espérantistes. Il a été l'homme que la foule regardait, suivait dans la rue et dont les papetiers boulonnais vendaient la photographie ; aux tables d'hôte, il s'est vu offrir du "champagne Zamenhof", et de la liqueur "Espérantine" ; au café (s'il y était venu) il eût trouvé l'"amer Zamenhof", – la plej bona el aperitivoj ; c'est-à-dire : le meilleur des apéritifs. Le docteur Zamenhof fume la cigarette ; je suppose donc qu'il n'ignore point la "cigarette Espéranto", que plusieurs congressistes m'ont offerte et qui est excellente.
Mais ce n'étaient là que de menus amusements de vanité. Les vraies joies de ces journées, le docteur Zamenhof les a ressenties ailleurs ; – aux séances du théâtre, où le saluaient, chaque fois, les acclamations passionnées de plus de huit cents disciples – hommes, femmes, jeunes filles, venus de tous les points du monde (il y eut, au banquet de lundi, dix-huit toasts portés en espéranto par les représentants de dix-huit nationalités différentes). Et c'est là surtout, durant les séances de travail, ou les séances dramatiques et musicales – ouvertes chaque fois aux sons de l'hymne l'Espero, que le docteur Zamenhof connut cette merveilleuse joie, l'une des plus fortes, ce me semble, que puisse savourer un conducteur d'hommes : entendre des êtres humains converser en une langue qu'on a faite ; être celui dont la volonté a créé une loi à laquelle des hommes de toutes les parties du monde consentent, demandent à obéir, et qui gouvernera peut-être un jour la vie de quelques millions d'esprits...
J'avoue qu'il y a deux ou trois jours à peine, cette supposition m'eût paru très comique. Mais quoi ! Je vois ici des choses qui me troublent profondément ; je cause avec des gens dont la tranquille conviction m'ahurit. Ce ne sont pas des fous, ni des illuminés, je vous assure. C'est le général Sébert, membre de l'Académie des sciences ; c'est M. Cart, professeur au lycée Henri-IV et à l'École des sciences politiques ; c'est M. Michaux, avocat et président du groupe espérantiste boulonnais.
Avec eux sont venus le docteur Javal, de l'Académie de médecine ; M. Benoit, directeur du Bureau international des poids et mesures, de Sèvres ; des professeurs, des magistrats, des industriels, des médecins (beaucoup de médecins !) de plus de soixante villes de France, parmi lesquelles sont le plus largement représentées : Amiens, Beaune, Dijon, Grenoble, Givors, Le Havre, Lille, Lyon, Nancy, Rouen, Sceaux, Saint-Omer, Vesoul...
Le général Sébert a bien voulu m'introduire au Musée du congrès, qui est installé dans le foyer du théâtre et le long des murs des escaliers qui y conduisent. J'y trouve une exposition curieuse de documents graphiques, de cartes postales envoyées par les soixante-dix groupes d'adhérents de France et des colonies (car les colonies s'en mêlent ; la Tunisie, l'Algérie, la Guinée française s'intéressent à l'espéranto) ; et voici l'exposition des livres. L'espéranto a produit toute une littérature : grammaires, dictionnaires, exercices, manuels de correspondance, et surtout traductions de chefs-d'œuvre. M. Boirac, recteur de l'académie de Dijon, a traduit en espéranto la Monadologie de Leibnitz ; le docteur Zamenhof a publié une traduction d'Hamlet. Il y en a d'autres : les Fables de La Fontaine, l'Iliade, l'Énéide, les Contes de Perrault, le Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre, l'Avare de Molière... Je ne parle que de ce qui est imprimé, et que j'ai sous les yeux. Mais ce bagage s'accroît tous les jours. Aux concerts de samedi, de dimanche et de mardi, des amateurs ont dit – en espéranto – des monologues de Jacques Normand, de Paul Bilhaud, des pages d'Alphonse Daudet et de Dumas ; chanté des mélodies espérantistes ; joué en espéranto une comédie de Labiche, et le mariage forcé, dont les rôles, appris en deux jours, étaient interprétés par une jeune fille italienne, une Suédoise, une Russe ; un Canadien, deux Français, un Anglais, un Belge, un Allemand et un Norvégien.
Et voici enfin l'admirable invention de M. Th. Cart : les alphabets Braille en langue espéranto, grâce auxquels les aveugles du monde entier pourront désormais se comprendre, correspondre, et lire avec leurs doigts les mêmes livres.
Je demande :
– Êtes-vous vraiment très nombreux ? Avez-vous l'impression que la foule vous suit ? Ou bien tout cela n'est-il, en somme, que l'agitation d'une grande quantité de petits groupes épars – d'une élite intelligente qui s'amuse ?
On me répond :
– L'Annuaire qu'avec l'aide des groupes du monde entier nous avons pu constituer contient vingt mille adresses, et tous les adhérents n'y figurent pas. L'espéranto est parlé, à cette heure, par plus de trente mille personnes. En France seulement, la grammaire de M. de Beaufront, publiée par Hachette, vient d'atteindre son "onzième mille". Quarante-cinq cours publics d'espéranto ont été faits cet hiver à Paris. Il y a en France vingt lycées de garçons et de filles où la langue de Zamenhof est enseignée. Dans le monde des affaires aussi, la curiosité de connaître la langue nouvelle se répand. À Boulogne, c'est mieux qu'une curiosité : parler espéranto semble une chose naturelle à nos commerçants. Vous trouverez aux devantures de nombreux magasins la pancarte : Oni parolas esperanton à côté d'English spoken ; et cette annonce n'est pas rare dans nos journaux : "La maison X demande un jeune homme sachant parler et écrire l'espéranto."
« C'est si simple et si commode ! Aussi, voyez les figures gaies de nos congressistes. La plupart ne s'étaient exercés jusqu'ici qu'à parler cette langue entre eux, dans leur pays ; aujourd'hui, les voilà face à face. Il y a parmi eux des Finnois, des Polonais, des Bulgares, des Hollandais, des Suédois... Ces gens s'abordent, entament une conversation, se comprennent ! Regardez rire cette dame, là-bas, que vingt personnes entourent, et qui parle si joyeusement à tout le monde. C'est Mme Zamenhof. Mme Zamenhof ne savait qu'une langue, le russe, qu'aucune des personnes qui causent avec elle ne connaît. Elle a appris l'espéranto avec son mari. La voilà libérée !... »
Mais ce sont les impressions du docteur Zamenhof surtout que j'étais curieux de connaître. Je l'ai trouvé installé dans la maison – fleurie d'étoiles et de drapeaux verts – de Me Michaux, chef du groupe espérantiste boulonnais.
Il a quarante-six ans. C'est un petit homme timide et doux, parlant peu, qui rougit quand on l'acclame, balbutie quand on l'interpelle, et se fâche quand on l'appelle "maître". Il est vêtu de noir, le buste raide, serré dans une longue redingote, le crâne tout chauve, les joues encadrées d'une courte barbe grisonnante, le nez solide et droit supportant de grosses lunettes à verres ronds, derrière lesquelles rêve un regard tendre et fatigué.
Le docteur est venu de Varsovie, où il exerce la médecine. Il parle français assez correctement, mais avec un peu de peine, et s'en excuse. Je lui demande de me conter l'histoire de son invention.
— L'idée première, me dit-il, en est presque aussi vieille que moi. Dès mon enfance, j'ai été hanté par le sentiment que la diversité des langues séparait fâcheusement les hommes ; et que c'était là, de peuple à peuple, une source déplorable de malentendus, de conflits, de haines bêtes... Et je fis le rêve de créer une langue universelle qui, sans se substituer à aucune, fût l'auxiliaire de toutes.
» J'avais pensé au latin d'abord. Et je travaillai à en refaire une langue vivante par les adjonctions de mots et de formes que nécessitait l'adaptation de cette langue aux besoins de la science, des affaires et des idées d'à présent. Puis je renonçai à ce projet, et il me sembla plus simple de créer une langue, de toutes pièces, une langue vraiment neuve. Mais ici encore l'énormité de l'entreprise me découragea. À mesure que j'inventais des mots, je les oubliais ! Alors une autre idée me vint : celle d'apprendre les langues principales qui servent aux hommes (je savais déjà le russe, l'allemand, le grec et le latin) ; d'en retenir les éléments essentiels, les formes communes à la plupart d'entre elles ; et de fondre ces éléments et ces formes en un idiome simplifié, reconstruit suivant les règles de la pure logique, allégé de toutes les difficultés, de toutes les bizarreries qui rendent si pénible et si lente l'étude des langues.
» La langue ainsi créée avait donc un double avantage : d'être, au point de vue grammatical, très facile à apprendre, et au point de vue lexicologique, très aisée aussi à retenir, puisque la plupart des mots y étaient construits sur le modèle des mots français, allemands, anglais, latins, grecs déjà connus. C'est ce qui a permis de dire qu'un homme d'instruction moyenne connaît, sans s'en douter, les trois quarts du vocabulaire espérantiste avant d'en avoir commencé l'étude.
— Mais d'où vient ce mot : Espéranto ?
— C'est, me dit le docteur, le pseudonyme dont je signai, il y a dix-huit ans, ma première brochure. En dix ans de travail, j'avais enfin créé la langue que je rêvais. Je fis une brochure où j'en expliquais les règles, et je la signai : Esperanto, c'est-à-dire celui qui espère. La brochure se répandit : on l'appelait la brochure d'Espéranto ; on discutait les mérites ou les défauts de "la langue d'Espéranto". Le nom est resté ; mais je n'y suis pour rien... »
Tout cela est dit simplement ; et j'admire le ton de bonhomie souriante dont ce travailleur évoque un passé de terribles luttes, dont l'histoire sera curieuse à conter un jour. Car elles furent lamentables les années qui suivirent celle où l'espéranto naquit.
Le petit médecin de Varsovie avait épuisé ses ressources dans une propagande où il n'était soutenu que par des amis aussi pauvres que lui ; il avait peu songé à s'enrichir durant cette période de labeur accablant et de rêve, et la seule clientèle qui lui restât était celle des malades qu'il soignait pour rien... Ces mauvais jours sont passés. Et maintenant le docteur Zamenhof envisage avec une joie tranquille l'avenir de son œuvre.
Nous avons gagné la rue, tout en causant, et nous descendons vers le théâtre où l'attendent les congressistes. À chaque instant des gens le saluent. « Bonan tagon, sinjoro. »
— Cela signifie : Bonjour, monsieur ?
— Parfaitement, me dit le bon docteur.
Et il ajoute avec un sourire modeste :
— Ce n'est presque jamais plus difficile que cela.
Émile Berr.
https://www.retronews.fr/journal/le-figaro/11-aout-1905/104/798999/3
Le Figaro, № 223 du 11 août 1905, p. 3
En apprendre davantage sur cette langue, utopie réalisée
à l'instar du Familistère de Guise par J.-B. A. Godin ?
Kio estas Esperanto?
Antaŭ 100 jaroj, la 14an de aprilo 1917, mortis Ludoviko Zamenhof, patro de Esperanto. Tiu juda pola kuracisto laboris dum sia tuta vivo por la kreado de universala lingvo ĉar, laŭ li, la naciaj lingvoj dividas la popolojn kaj estigas militojn. Pro tio li estis eĉ dekdufoje nomumita je la Nobelpremio pri Paco, sensukcese. La japanaj ŝintoistoj konsideras lin eĉ kiel dio kaj propagandas Esperanton kiel « lingvo de la ĉieloj » por konstrui mondon senmilitan. Hodiaŭ 100 000 homoj flue parolas ĝin. Onidire estas inter unu miliono kaj unu miliono kaj duono da esperantoparolantoj en la mondo. Guglo eĉ aldonis ĝin al sia reta tradukservo en 2012.
En Francio, la asocio Espéranto-France partoprenas en la diskonigo de la lingvo. Unu el siaj vicprezidantoj, Didier Loison, helpis nin por la verkado de ĉi dulingva artikolo.
Unue, sinjoro Loison, kio estas Esperanto?
"Esperanto estas internacia lingvo kiu 130-jariĝos ĉisomere. Ĝi estis konceptita el radikoj komunaj al plimulto de indoeŭropaj lingvoj, kun propra gramatiko je 16 reguloj. La alfabeto estas fonetika, neniu verbo estas neregula, la samfamiliaj vortoj konstruiĝas per aldono de prefiksoj kaj sufiksoj. Mallonge, ĝi estas la plej facile memorigebla lingvo."
Kial, kiam kaj kiel vi lernis tiun lingvon?
"Mi malkovris Esperanton en aŭgusto 1988 en la ĉiutaga elsendo (8a45-9a) de Brigite Vincent ĉe France Inter. Mi unue volis lerni tiun misteran lingvon pro intelekta scivolo pri ĝia gramatika logiko. Poste mi daŭrigis kiam mi konstatis ke mi povas ĝin praktiki amike kun homoj el la tuta mondo."
Ĉu vi parolas ĝin flue? Ĉiutage?
"Jes, mi flue parolas Esperanton, mi eĉ ricevis C1-nivelan diplomon de la universitato de Budapeŝto. Ĉiutage mi legas en Esperanto novaĵojn de la tuta mondo per Fejsbuko, artikolojn en La Monde de Esperanto, aŭ en la gazeto Esperanto de Universala Esperanto-Asocio, ktp. Mi ofte akceptas esperantoparolantojn en Parizo (prelegantojn en nia Bastilikvartala sidejo, turistojn kiuj tranoktas ĉe mi per la reto de hejmgastigantoj Pasporta Servo). Ĉisomere mi partoprenos en la 102a universala kongreso de Esperanto en Seulo, SudKoreio, sen bezono de interpretistoj!"
Esperanto pretendas sin universala… sed fine, ĉu la Esperanto de 2017 ne estas la angla lingvo?
"La (lingua franca) interlingvo hodiaŭ (ĝis nun) reganta en ekonomio kaj turismo estas ja la angla lingvo. Sed Esperanto estas plia ilo por renkonti aliajn personojn je vera lingva egalrajto".
Estas onidire almenaŭ unu miliono da esperantoparolantoj en la mondo. Kie ili sin kaŝas? Ĉar oni ne ofte aŭdas ilin.
"La nombro de homoj kiuj lernis Esperanton en 130 jaroj estas multe pli supera ol unu miliono, sciante ke en eĉ ne 2 jaroj estis 800 000 lernantoj sur la apo Duolingo! Vi ne aŭdas la esperantoparolantojn ĉar ili parolas en propraj gazetaro kaj amaskomunikiloj, ĉefe per Interreto. La Esperanta Vikipedio estas unu el la 20 lingvoj kun la plejmultaj artikoloj".
Espéranto-France aktivas por ĝuste aŭdigi iom pli tiun lingvon. Kiel?
"Espéranto-France deponis kun aliaj asocioj petskribon por ke Esperanto estu elektebla kiel opcia lingvo je abitura ekzameno. Niaj membroj deĵoras ĉie en Francio dum asociaraj forumoj. Ni publikigas gazetarajn komunikojn kaj respondas al ĵurnalistaj intervjuoj. Dum nia jara kongreso (ĉijare en Mandres-les-roses) ni organizas ekspoziciojn kaj spektaklojn malfermajn al la publiko. Ankaŭ ekzistas partio Eŭropo-Demokratio-Esperanto, kiu proponas kandidatojn je la eŭropaj balotoj".
★ C'est quoi l'espéranto ?
Il y a 100 ans, le 14 avril 1917, mourait Ludwig Zamenhof, père de l’espéranto. Ce médecin juif polonais a travaillé toute sa vie à la création d’une langue universelle parce que, selon lui, les langues nationales divisaient les peuples et provoquaient des guerres. Pour cela, il fut même nommé une douzaine de fois au prix Nobel de la Paix, sans jamais l’obtenir. Au Japon, les shintoïstes le considèrent (carrément) même comme un Dieu et propagent l’espéranto comme une "langue des cieux" pour construire un monde sans guerre. Aujourd’hui, 100 000 personnes parlent couramment l'espéranto. Il y aurait également entre un million et un million et demi d’espérantophones débutants dans le monde. Google l’a même ajouté à son service de traduction en ligne en 2012.
En France, l’association Espéranto-France participe à la promotion de la langue. L'un de ses vice-président, Didier Loison, nous a aidé dans l’écriture en espéranto de cet interview bilingue.
D’abord, (Didier) monsieur Loison, c’est quoi l’espéranto ?
"L’espéranto est une langue internationale qui va fêter ses 130 ans cet été. Elle a été conçue à partir de racines communes à une majorité de langues indo-européennes, avec une grammaire propre de 16 règles. L’alphabet est phonétique, aucun verbe n’est irrégulier, les mots de la même famille se construisent par adjonction de préfixes et suffixes. Bref, c’est la langue la plus facile à mémoriser."
Comment [kiel], quand [kiam] et pourquoi l'avez-vous appris ?
"J’ai découvert l’espéranto en août 1988 dans l’émission quotidienne (8h45-9h) de Brigitte Vincent sur France Inter. J’ai d’abord voulu apprendre cette langue mystérieuse par curiosité intellectuelle pour sa logique grammaticale. Puis j’ai continué lorsque j’ai constaté que je pouvais la pratiquer en toute amitié avec des personnes du monde entier."
Aujourd'hui le parlez-vous couramment ?
"Oui, je parle couramment, j’ai même obtenu un diplôme de niveau C1 délivré par l’université de Budapest. Quotidiennement, je lis en espéranto des nouvelles du monde entier sur Facebook, des articles publiés dans 'Le Monde de l’espéranto', ou dans le magazine Esperanto de l’association mondiale d’espéranto, etc. Je reçois régulièrement des espérantophones de passage à Paris (des conférenciers en notre siège de La Bastille, des touristes) via le réseau d’hébergement chez l’habitant Pasporta Servo. (Et) cet été, je vais participer au 102e congrès mondial d’espéranto à Séoul en Corée du Sud, sans besoin d’interprètes !"
L’espéranto se veut universel… mais finalement, l’espéranto de 2017, ne serait-ce pas l’anglais ?
"La langue dominante utilisée aujourd’hui dans l’économie et le tourisme, en tout cas pour l'instant, c’est certes l’anglais. Mais l’espéranto c’est une flèche de plus à son arc pour rencontrer d’autres personnes sur un vrai pied d’équité linguistique."
Il y aurait au moins un million d’espérantophones dans le monde : où se cachent-ils ? Parce qu’on ne les entend pas souvent.
"Le nombre de personnes ayant appris l’espéranto en 130 ans est bien supérieur à un million, sachant qu’en même pas deux ans il y a eu 800 000 élèves sur l’application Duolingo ! Vous n’entendez pas les espérantophones car ils parlent dans une presse et des médias dédiés, notamment sur Internet. Le Wikipedia en espéranto est parmi les 20 langues avec le plus d’articles."
(Justement), comment votre association Espéranto-France milite-t-elle pour bien faire entendre un peu plus cette langue ?
"Avec d'autres associations, nous avons déposé une pétition pour que l’espéranto soit admis comme langue à option au baccalauréat. Nos adhérents tiennent des stands partout en France lors des forums d’associations. Nous faisons paraître des communiqués et répondons aux entrevues. Lors de notre congrès annuel (cette année à Mandres-les-Roses) nous organisons des expositions et spectacles ouverts au public. Il existe aussi un parti Europe-Démocratie-Espéranto qui présente des candidats lors des élections européennes."
★ La traduction proposée par le site 'France Inter' a été améliorée ou complétée,
le 'français djeune' n'a pas été corrigé...
(quelques corrections et ajouts en espéranto également)
L'on oubliera l'imparfait du titre de France Inter, en gras : qui se voulait 'universala'...
(in capite venenum – le boisseau sur le gâteau ?)